Geneviève Allaire-Duquette, membre régulière (UQO), Amine Mahhou, membre étudiant (UQAM), Abdelkrim Hasni (UdeS) et Jean-Philippe Ayotte-Beaudet (UdeS), collaborateurs de l’EREST, ont récemment publié un article dans le Journal of digital educational technology intitulé « Primary school pupils’ ability to detect fake science news following a news media literacy intervention: Exploration of their success rate, evaluation strategies, self-efficacy beliefs, and views of science news« . L’article a également comme coauteur et coautrices Josée-Nadia Drouin, Audrey Groleau, Alexis Legault et Marie-Eve Carignan.
Résumé: La croyance généralisée en la désinformation scientifique qui circule en ligne est un défi majeur pour les démocraties. Si les recherches menées jusqu’à présent se sont concentrées sur les antécédents psychologiques, sociodémographiques et politiques de ce phénomène, peu d’études ont exploré le rôle des efforts d’éducation aux médias, en particulier auprès des enfants. Des résultats récents indiquent que les enfants ne sont pas préparés à l’évaluation critique des informations scientifiques en ligne et que l’enseignement de l’éducation aux médias devrait combler cette lacune. L’objectif de cette étude est d’examiner la capacité à détecter les fausses nouvelles scientifiques et les stratégies d’évaluation employées par les élèves après une intervention d’éducation aux médias d’information. En outre, nous explorons l’impact de l’intervention sur leurs croyances en matière d’auto-efficacité pour détecter les fausses nouvelles scientifiques, ainsi que sur leurs points de vue sur les nouvelles scientifiques. Un modèle expérimental à groupe unique a été utilisé avec un échantillon de 74 élèves d’école primaire. Quelques semaines après une intervention d’éducation aux médias de deux heures, les élèves ont classé dix messages Twitter sur divers sujets scientifiques et ont été invités à justifier leur classement dans une question ouverte afin de dévoiler leurs stratégies d’évaluation. Les participants ont également effectué un pré-test et un post-test destinés à évaluer leur confiance dans leur capacité à détecter les fausses nouvelles scientifiques et leur opinion sur les nouvelles scientifiques. Nous avons calculé la moyenne de la précision du jugement des élèves, classé les stratégies d’évaluation des élèves et comparé les croyances en l’efficacité personnelle avant et après l’intervention. En moyenne, la précision du jugement des élèves lorsqu’on leur demande de détecter les fausses nouvelles scientifiques est de 68 %. Cette performance est supérieure aux taux de réussite rapportés dans des études antérieures où aucune intervention de maîtrise des médias d’information n’a été testée. Pour détecter les fausses nouvelles scientifiques, les élèves se sont principalement appuyés sur leurs connaissances en matière de maîtrise des médias d’information, mais aussi, dans une large mesure, sur leurs connaissances scientifiques antérieures et sur leur raisonnement intuitif. Les croyances d’auto-efficacité en matière de fausses nouvelles ont augmenté de manière significative après l’intervention, mais les opinions sur les nouvelles scientifiques n’ont pas été influencées par l’intervention. Les résultats indiquent que les élèves de l’école primaire sont capables d’examiner attentivement la crédibilité des informations scientifiques. Les enfants sont régulièrement exposés à la désinformation, et les connaissances sur la manière d’aborder l’information scientifique de manière critique devraient être enseignées dès le début de cette exposition. Nos résultats suggèrent que la formation à la maîtrise des médias d’information peut être facilitée avec succès auprès des élèves de l’école primaire et qu’elle pourrait être efficace pour lutter contre la désinformation scientifique dès le plus jeune âge.
Bravo à toutes ces personnes!